L’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, fidèle à sa mission
Lieu important au sein d’une collectivité, l’hôpital occupe une place prépondérante pour la santé d’une ville et sa région. Au Québec, c’est traditionnellement les ordres religieux qui ont offert ces services à la population souvent à bout de bras et avec un dévouement remarquable avant que le gouvernement prenne la relève dans l’administration des soins de santé. Fondé en 1884, l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska s’inscrit dans ce contexte sociopolitique au cours du dernier siècle : retour sur son histoire.

C’est tout d’abord sous l’impulsion du premier shérif de la ville, Joseph-Auguste Quesnel, au printemps 1882 que l’idée de fonder un hôpital est soumise au curé Joseph-Napoléon Héroux. Reçu de façon positive, la fondation officielle aura lieu le 2 octobre 1884, date où cinq religieuses des Hospitalières de Saint-Joseph en provenance de Montréal arrivent, dont la supérieure Mère Marie Pagé. Dès 1885 un premier hôpital est construit avec le soutien financier et sur les terres de M. Quesnel, il accueillera des pensionnaires, des orphelins et des vieillards. Les débuts de l’Hôtel-Dieu ne sont toutefois pas faciles, rapidement des problèmes financiers et des querelles de successions vont mettre à rude épreuve la survie de l’institution. Les religieuses seront ingénieuses et se financeront eux-mêmes avec des activités diverses, ce qui sauvera l’établissement et en 1897, l’appui financier de la Maison-Mère de Montréal, de la ville et des gens de la région viendra assurer la pérennité de l’Hôtel-Dieu.

En 1908, l’Hôtel-Dieu prend officiellement le statut d’hôpital et l’établissement s’agrandit au fils des années, en 1923 un orphelinat est construit, en 1931 un nouvel hôpital pouvant accueillir plus de 100 personnes est construit et en 1936 un monastère pour les 110 religieuses est érigé. De plus en 1932, une école d’infirmière voit le jour, elle sera plus tard rattachée au Cégep de Victoriaville. Dans les années 1960, l’hôpital sera constamment agrandi. Par contre, le nombre de religieuses diminuera constamment dans le contexte de sécularisation du domaine de la santé. En 1988, le premier directeur laïc sera nommé pour remplacer Sœur Claire Perrault, ce qui bouclera en quelque sorte la boucle pour l’ordre des Hospitalières de Saint-Joseph dans leur mission de soigner les gens de la région.

De nos jours, le centre hospitalier de Victoriaville emploie plus de 2 500 personnes, dessert un bassin de population de 95 000 personnes et plus d’une trentaine de municipalités. En 2019, des investissements de 200 millions $ ont été annoncés pour moderniser le centre hospitalier et dans la foulée de ces travaux, la chapelle des Sœurs hospitalières achevé en 1931 sera détruite malgré sa valeur historique. La longue histoire de l’hôpital s’avère une fenêtre d’analyse intéressante pour comprendre l’histoire de la ville.